article du journal Ouest France par Claire Cresnel

le 24 mars 1978

Au bout du port, là où Finette officia pendant de nombreuses années, Françoise Gloux a ouvert, il y a 4 ans, dans la maison de ses parents, une galerie de peinture qui a maintenant acquis une certaine notoriété. Ayant commencé seule les deux premières années, elle n'exposait que l'été.
« C'est un métier qu'on ne peut pas exercer seul. II nécessite énormément de recherches et de préparation, surtout lorsqu'il faut tout créer. De but en blanc, avec très peu de capitaux comme c'était notre cas. Quand l'un est découragé, l'autre prend le relais. Heureusement, nous ne le sommes jamais en même temps! » Cette profession exige d'abord une grande disponibilité. « Ce n'est pas un travail qui commence à 10 h et finit à 18 h. Nous y sacrifions tous nos loisirs. J'ai peu de temps pour lire ou tricoter !». Ils profitent de leur seul jour de détente pour aller voir des expositions à Lorient, à Brest, prospecter, dénicher des peintures, rencontrer les artistes. De même, lorsqu'ils partent en vacances après une semaine de repos, ils sont irrésistiblement attirés par les galeries de peinture et les antiquaires.
« Le contact avec les artistes et les clients demande également une grande faculté d'adaption. On ne peut dissocier les peintures du peintre ; elles sont fonction de ce qu'il est, de ce qu'il a été une de ses composantes. D'un autre côté, il faut aussi connaître les goûts des clients pour mieux les conseiller. Dans ce milieu, Il est difficile de parler de « clients ». Beaucoup d'entre eux et certains artistes sont devenus nos amis ».
Dans le choix des tableaux, la sensibilité de Francoise et Jean-Michel Gloux se complètent. Une exposition que l'un n'aurait jamais tentée seul, se révèle, sous l'impulsion de l'autre, une réussite.
Mais leurs goûts correspondent-ils à ceux des Concarnois ?
Pour Francoise Gloux, les Concarnois sont très ouverts à la peinture mais ont un net penchant pour celle de début du siècle (1870-1940). A cette époque, les hôtels-restaurants, coiffeurs et pâtissiers se faisaient payer en tableaux et constituaient des collections qui ont marqué. Or, Françoise Gloux, nièce du peintre abstrait Jean Deyrolle, est familière de la peinture contemporaine.
« A la faveur d'un courant que nous aurons créé, nous pourrons introduire le contemporain ». Bien que Françoise Gloux soit très absorbée par cette occupation, elle ne saurait s'en lasser. « Chaque exposition, je la fais pour me faire plaisir. Les tableaux, je les convoite et les achète à moitié pour moi et ne les revends que par nécessité. Quand l’un d’eux part trop vite, je suis déçue parce que je n’en ai pas suffisamment profité ».
Du reste, gommer toute sensation de travail et d’intérêt, c’est le privilège de l’art.